
Photo Noëmie Guizard Photographie
C’était une de ces journées parfaites : l’air était tiède, les gens sentaient bons, les rues étaient fleuries et la voix de Marilyn Monroe perçait à travers les fenêtres entrouvertes du tribunal de commerce, rue Henri de Seroux, à deux pas du Palais Impérial (si si c’est vrai). Armée d’un kilo de gros abricots juteux, je me dirigeais vers un pique-nique atypique, organisé par plusieurs associations écologiques en réaction contre la Fête de la Chasse & de la nature qui s’est tenue ce weekend.
A cette occasion, j’ai fait la connaissance de Bidule & Cocotte. Ou plutôt d’Ingrid & de Muriel. Une mère, une fille. Deux végétariennes & Compiègnoises qui rédigent à quatre mains l’éco-blog passionnant Bidule & Cocotte. Ingrid, la fille, sort ce mois-ci un livre de recettes aux éditions Solar… Alors forcément, alors que j’ai fais le choix de cesser de manger de la viande il y a plusieurs mois (il va falloir que je vous en parle en détails) , il fallait que je les rencontre et que je leur pose quelques questions pour vous.
Ne manger ni viande ni poisson est un choix qu’elles ont fait il y a très longtemps. Muriel avait 20 ans lorsque son mari l’a initié au végétarisme. Elle a lâché les blancs de poulet sans aucun remord. Quand leur fille, Ingrid, est née, les mamies ont eu interdiction de lui faire manger de la sauce bolo. Résultat : à 30 ans, Ingrid n’a jamais goûté le moindre morceau de viande. Et vous savez quoi ? Elle va super bien. Pas de carence mais un goût prononcé pour des petites recettes goutûes que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir dans nos assiettes d’omnivores… Exit le plat centré autour d’une pièce de viande : être végétarien, c’est (re)découvrir les légumes, les céréales, les fruits…Et manger de manière éthique. A l’heure où l’on voit fleurir une multitude de photos prônant une nourriture vegan ou healthy sur les réseaux sociaux (coucou Instagram), on peut se demander si le végétarisme est finalement un effet de mode ou une véritable philosophie de vie ? (comme vous vous en doutez, la réponse est « ça dépend, ça dépasse« ).
Δ Ingrid, toi qui n’a jamais mangé de viande, comment s’est passée ton enfance et ton adolescence ? N’était-ce pas trop compliqué avec les autres enfants ? Tes amis ont-ils fait cette tête ?
(Elle rit). Non, je n’ai pas souvenir de moment compliqué. A la cantine, à l’école, j’avais double ration de légumes et d’entrées, c’était sympa. J’étais la seule végétarienne, on me disait « tiens tu n’aimes pas ci ou ça… » mais finalement, rien de méchant. C’est par la suite, après mes études, lorsque je suis partie vivre en Irlande, que je me suis intéressée à la cuisine et aux recettes végétariennes. J’ai rencontré des Coréens et des Japonnais, entre autres, qui, sans être forcément végétariens, mangent beaucoup de légumes. Leurs plats ne tournaient pas forcément autour de la viande, comme en France. J’ai appris beaucoup de choses.
Aujourd’hui, je dirais que ma mère et moi avons une tendance végétalienne, c’est à dire qu’on se passe parfois de produits venant de l’animal, comme le lait de vache classique, on préfère le végétal. Surtout par gout finalement !
Δ Muriel qu’est ce qui a guidé ton désir de végétarisme ?
J’ai rencontré mon mari à 20 ans : il était professeur de yoga, végétarien et s’intéressait beaucoup au sujet. C’était difficile pour lui de se passer de viande car il l’adorait bien rouge ! Mais c’était une question d’éthique, un combat contre la souffrance animal. A mon tour, j’ai lu des livres, puis j’ai cessé de manger de la viande du jour au lendemain.
Ce qui guide mes convictions, c’est en premier lieu la cause animale. Avec le récent scandale des abattoirs, les gens ouvrent les yeux sur ce qui s’y passe et il est impossible d’y rester insensible. Ces bêtes n’ont pas demandé à être tuées de la sorte. C’est un fait : nous mangeons trop de viande, ce n’est pas bon pour notre santé et certains refusent de le voir.
Δ Aujourd’hui, on s’intéresse de plus en plus au régime végétarien : on le voit notamment sur les réseaux sociaux, avec des #vegan ou des #healthy fleurir partout. Finalement pour vous, c’est plus une avancée ou un phénomène de mode ?
Muriel : Il est vrai qu’il y a 20 ou 30 ans, être végétarien c’était bizarre pour de nombreuses personnes. Je pense que les mentalités évoluent et c’est agréable ! On trouve de plus en plus de menus végétariens (surtout à l’étranger c’est vrai), mais la France s’y met, il y a des plats préparés chez Picard portant la mention « Idéal pour les végétariens » par exemple. On ne voyait pas ça avant.
Ingrid : Malgré tout, en effet, il y a aussi un phénomène de mode. Aujourd’hui, avoir un corps sain, manger vegan, parfois même « gluten free » apparaît partout sur les réseaux sociaux. Certaines rédactrices ou blogueuses publient des livres de recettes vegan alors qu’elles ne le sont pas dans la vie…
Δ Que conseillerez-vous à des végétariens débutants ?
Muriel : Au début, quand on aime la viande mais qu’on a envie de s’en passer (pour tout un tas de raisons fort judicieuses!), ce n’est pas facile. Premier conseil : tester une semaine par mois sans viande ou bien un jour par semaine, faire ses courses dans les magasins bio : les produits qu’on y trouve sont choisis avec éthique. Il faut également lire des articles, des blogs sur le sujet (NDLR : Comme celui de Bidule & Cocotte par exemple 😉 ), souvent truffés de recettes faciles, d’infos sur les légumes, les céréales…
En fait, il n’est pas difficile de se passer de viande et non, son absence ne créer pas de carences alimentaires. Il suffit de la remplacer par des œufs, des céréales, du soja, des superaliments… la combinaison idéale est : Céréales (3/4)/Légumes (à volonté)/Légumineuses – des plantes dont les fruits sont contenus dans des gousses, comme les pois ou les lentilles (1/4), pour avoir tout ton apport protéiné.