« C’est comme la voiture, vous verrez : au début ça semble très compliqué et quand on finit par maitriser, on se dit que c’était finalement simple comme bonjour » m’explique au téléphone Patrick Cosnard, fondateur de l’école de pilotage d’ULM, Picardie R. Je suis dubitative. A 1000 mètres d’altitude, au commande d’un petit avion, et la tête en bas (qui sait ce qui peut arriver dans les airs…) je risque de moins faire la fière. Mais le challenge m’emballe. J’ai survécu à un saut en parachute, j’ai l’impression que je peux survivre à tout maintenant.
Patrick Cosnard m’attend de pied ferme, à 10h, un samedi. Son école est située sur les hauteurs de Margny-les-Compiègne. Grand sourire, lunettes de soleil vissée sur le nez, ses journées semblent être d’éternels moments de plaisir. En créant Picardie R il y a dix ans, après avoir été licencié de son poste de commercial en informatique, il a fait de sa passion son métier.
Il me présente ses joujoux, d’incroyables engins très différents des uns des autres. « ULM signifie ultra léger motorisé, m’explique Patrick Cosnard, finalement cela comprend beaucoup de machines : les paramoteurs, les pendulaires, les autogyres et même les ballons, comme les montgolfières ». Aucune visite médicale n’est nécessaire pour voler, chaque pilote est responsable de ce qu’il fait. « Mais rassurez-vous, en cas de panne moteur, ces petits engins sont très faciles à poser, en toute légèreté ». Ah ok. Pas de crash alors ? J’ai hâte de voir ça.

Coucou Patrick, super pilote !
Il est temps de grimper à bord de notre Ikarus, un ULM qui a l’aspect d’un petit avion biplace. Casque sur les oreilles, Patrick Cosnard me présente son jouet qui peut aller jusqu’à 250 km/h. L’altimètre, boussole, l’horizon à scruter, la vitesse à surveiller… Les informations, nombreuses, me semblent difficiles à intégrer. Tout ce que je sais c’est que je suis entre de bonnes mains : Patrick Cosnard pilote depuis 30 ans, il connaît son avion par cœur. Selon lui, en une trentaine de leçons, moi aussi je serai tout à fait capable de piloter, tant l’ULM est simple à manier. Sachant qu’il a bien fallu 60 heures pour m’apprendre à conduire, je ne suis pas certaine du résultat en ce qui me concerne…
Le bruit est surprenant : mon co-pilote vient d’allumer les gaz. « Tango, charly, nous décollons« . Me voilà dans Top Gun, j’adore ! Nous prenons rapidement de l’altitude et j’admire le paysage, un bois de ce côté, l’étendue superbe des Beaux-Monts, le palais minuscule et quelques maisons cachées dotées de piscine (les veinards). « Allez, à votre tour ! », me lance mon pilote en lâchant le manche. L’avion commence à piquer du nez tandis que je me décide à prendre la relève. Je scrute l’horizon car celui-ci doit être toujours à la même hauteur afin de maintenir l’ULM droit. Pas si facile ! L’angoisse totale même : comment s’occuper de l’horizon mais aussi des 15 000 autres instruments à bord ? Je comprends que le pilotage d’ulm, ce n’est peut être pas mon truc. Je rends les commandes à Patrick, bien plus doué que moi.

Il y a des vues qui méritent vraiment la balade en ULM…
« Voyons un peu ce qu’on peut faire avec ce joujou », m’annonce-t-il, tout joyeux. Le moment des sensations fortes est arrivé. Je jubile. Ultra maniable, l’ULM penche soudainement à gauche, puis à droite, pique en avant pour raser le sol et finit par s’envoler à nouveau, rapide comme l’éclair. Je ris comme une gamine dans des montagnes russes. « J’adore la sensation de liberté qu’un vol procure, m’explique le pilote en posant l’ULM, je ne pourrais pas m’en passer ». Même avec mon estomac un peu en vrac, je ne peux qu’acquiescer : être un oiseau, c’est un peu le rêve de tous les enfants.