Les Dianes, l’ancien cinéma du centre ville de Compiègne, cela nous parle à tous, ou presque. Devenu Espace Saint-Jacques, l’ancien QG des cinéphiles a accueilli la première du Théâtre à moustaches ce vendredi soir. L’occasion pour moi de retrouver la seule salle de cinéma qui n’ait pas été démolie. Attention, émotions. 🙂
L’ancien cinéma Les Dianes, c’est mon tout premier film, à 4 ans, avec les Julien et les Kevin de ma classe. La Petite Sirène. Pendant deux semaines, ensuite, j’ai tenté de faire apparaître une queue de poisson à la place de mes jambes, dans la baignoire familiale. C’est aussi la mort de Mufasa en 16/9e, traumatisme de la primaire. A 13 ans, j’ai supplié Jack de s’installer auprès de Rose sur cette fichue porte, et à 15 ans je tremblais de peur devant « Blair Witch », sur les sièges rouges molletonnés. Les Dianes, c’est aussi la vendeuse de glaces, le crépi des murs qui raflait les manteaux et l’escalier en colimaçon qui menait aux salles. Quand notre bon vieux cinéma du centre ville a fermé, en décembre 2011, on s’est retrouvés comme deux ronds de flan. Si j’avais su, j’aurais emporté un souvenir avant la dernière séance. Si la ville a, depuis, retrouvé un cinéma, le Majestic, elle avait perdu un lieu culturel en plein centre ville.
Dès 2014, les travaux ont débuté pour faire naître l’Espace Saint-Jacques. Salle de sport et bar branché ont finalement remplacé Les Dianes, avant d’être rejoints par « Le théâtre à moustaches », dont la première s’est tenue vendredi soir. Une soirée immanquable.
Romain Juillard, à l’entrée, accueille les spectateurs. J’arrive presque en retard, je me précipite dans les escaliers pour ne pas manquer le début de la pièce comique, « La folle Histoire de France », par Terrence et Malik. Je me perds. Et pour cause : tout a changé. Le carrelage ancien a été remplacé par un béton ciré, l’escalier en colimaçon a disparu au profit de marches classiques, bien larges, permettant d’accéder à plusieurs issues de secours, les murs sont bruts ou peints en gris. Il ne reste rien de mon petit cinéma qui sentait bon la naphtaline. Un coup d’œil vers les immenses fenêtres me fait sourire : ce sont les mêmes qu’autrefois.
Les portes de la salle du Théâtre à Moustaches s’ouvrent. Je m’installe au second rang et ouvre grand les yeux. Si je n’étais pas enrhumée, je humerais l’air pour être sûre d’être au bon endroit. Le théâtre est installé dans la seule salle des Dianes qui n’ait pas été démolie. Fauteuils rouges, petite scène, à peine 120 places : on y est. Si l’ensemble a bien entendu été remis aux normes de 2016, la salle garde la même atmosphère chaleureuse et intimiste. Les comédiens sont à deux pas des spectateurs, on les apostrophe, ils nous répondent, les yeux pétillent. Le temps file, les rires se bousculent, le directeur du Théâtre à Moustaches, perché en régie, peut se détendre : la première est définitivement un succès.
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