BIM ! Je viens de me prendre un ballon sur la tête. En face de moi, Blandine, hilare, sautille dans ses chaussettes blanches sur la scène du Théâtre à Moustaches. C’est elle qui vient de m’envoyer cette balle, en scandant mon prénom. Drôle de jeu ? Assurément, puisque je participe au premier atelier de rigologie.
Retour sur une matinée de grosse marrade. Oui carrément.
Une idée du directeur du tout nouveau Théâtre à Moustaches, lieu culturel qui a pris place dans une ancienne salle du cinéma les Dianes. Le cours est mené par Brigitte Pierre-Thomas, rigologue. Et c’est un vrai métier, un de ceux qui apportent la joie de vivre et calme les maux. Diplômée de l’école internationale de Rigologie (c’est très sérieux), elle est arrivée, ce samedi, à 10h, les bras chargés de sacs multicolores. A l’intérieur, des ustensiles visant à nous faire rire. « La rigologie, c’est l’ensemble des méthodes qui vont vous permettre de gérer votre stress par le rire », explique-t-elle en guise de préambule. Pour y parvenir, Brigitte Pierre-Thomas utilise la sophrologie ludique et des exercices qui, d’un œil extérieur, peuvent paraître carrément loufoques, comme scander nos prénoms, clamer fort des “Oh oh ahaha” ou démarrer un 2CV virtuelle.
Pour la plupart d’entre nous -uniquement des femmes lors de cette première séance- c’est notre première expérience de rigologie. Blandine n’est pas effrayée et avait hâte de participer au premier atelier. “Il faut retrouver votre enfant intérieur, insiste Brigitte Pierre-Thomas, imaginez que vous êtes dans une cour de récré”. Si à 5 ans et demi, je n’avais aucun mal à grimacer devant mes copains de classe, à 30 ans c’est bien plus difficile devant de parfaites inconnues… Qu’importe, les bienfaits du rire sont tellement nombreux (apaisement des traits du visage, dynamise le système digestif, destresse…) qu’on aurait tort de ne pas se prendre au jeu. “Croisez vous, regardez-vous et dites vous bonjour”, lance notre prof d’un jour. La gêne de regarder l’autre dans les yeux laisse place à la bienveillance, puis à la franche rigolade. Puisqu’on est dans le même bateau, autant se faire plaisir. Le clou de la séance arrive. Allongées sur le sol, épaules contre épaules, nous formons une étoile. “Le rire va monter progressivement, explique Brigitte, laissez-le venir, monter et descendre”. Je me demande si je vais parvenir à lâcher prise, rire à gorge déployée, sans aucune gêne. Mais le rire est communicatif et lorsque j’entends mes copines d’un jour rigoler comme des baleines, je ne peux m’empêcher de faire de même. Libération.
A la fin de la séance, Brigitte veut connaître notre ressenti. Pour Pauline, la séance a eu un véritable aspect thérapeutique, Blandine évoque le plaisir simple de rire et pour ma part la difficulté de créer de toutes pièces une émotion normalement si spontanée. Ma voisine, particulièrement émue, avoue que la séance lui a fait un bien fou et qu’elle compte bien revenir. Brigitte Pierre-Thomas sourit : mission réussie pour notre docteur du rire.