Quand ma génération est accro à Tinder

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Trouver un mec ou une nana semble la chose la plus simple au monde sur Tinder. On télécharge l’appli, on fait défiler les profils et avec un peu de chance, cela finit par « matcher ». Presque aussi facile que de s’acheter une nouvelle robe. Mais dans la réalité, les choses sont souvent bien plus complexes. Et heureusement.  

Mais alors que nos parents et grands-parents se rencontraient dans la « vraie vie », Tinder semble le moyen plébiscité aujourd’hui, par nombre de 18-35 ans pour rencontrer quelqu’un. Juste pour un soir (souvent) ou pour un mois, voire plus avec un peu de chance, l’application a vu sa côte grimper en seulement 4 ans. Rencontre avec Manon, Zoé et Thomas, dont j’ai recueilli les témoignages.

Elle dodeline de la tête tandis que son pouce va de gauche à droite, sur le petit écran de son smartphone. Oui. Non. Bof. Pourquoi pas, s’il est drôle. Zoé, 25 ans, est attablée auprès de son amie Manon (les prénoms ont été modifiés). Ensemble, elles parcourent l’application Tinder, à la recherche de leur prochain rendez-vous, ou date.

Cela dure depuis quelques semaines : célibataires et un peu désabusées par leurs récentes relations, elles aimeraient rencontrer quelqu’un. L’âme sœur ou juste un ami, peu importe ou presque finalement.

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Plus de dix millions d’utilisateurs à travers le monde

La drague 2.0 s’est engouffrée dans les smartphones des Parisiens en 2012, grâce à l’application californienne Tinder. Le principe est simple : soit on apprécie un profil, qu’on « like  », soit on passe au suivant. Lorsqu’on apprécie un profil, il n’y a plus qu’à espérer que l’attirance soit réciproque. Si c’est le cas, un « match » se forme et on peut entamer une discussion. Ainsi, pas d’imbroglio : pour communiquer, filles et garçons doivent être raccords. Aujourd’hui, Tinder réunit plus de dix millions d’utilisateurs à travers le monde et Compiègne et ses environs n’y échappent pas.

Draguer sur smartphone a un avantage indéniable : celui de pouvoir le faire en toute occasion, à tout moment et en toute tenue. «  Même en pyjama, roulée en boule dans le canapé, pas forcément au top du glamour  », s’amuse Zoé.

Autre atout, celui de sortir de sa zone de confort : «  Tinder m’a permis de me lier avec des garçons que je n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer dans la vraie vie  », assure Manon. De potentiels flirts, mais aussi de simples amis : Zoé a eu, par exemple, la bonne surprise d’échanger des bons plans avec un Compiègnois, avide, comme elle, de voyages.

Mais le monde n’est pas tout rose au pays de la drague 2.0. «  Les choses vont trop vite, les relations sont faussées puisque des deux côtés, on sait qu’on vient pour draguer  », argue Manon. Le jugement est vite fait : en deux secondes, fille ou garçon se décident à laisser une chance à l’autre, uniquement sur la base d’une simple photo de profil. Un poil réducteur non ?

«  C’est déroutant, lance Manon, il manque la voix, le charme Sur photo, certains ont le charisme d’une huître alors que finalement, ils sont surement très sympas ! » Pour déterminer leur choix, Zoé et Manon lisent attentivement le petit descriptif en marge de la photo : «  Si le mec y met une touche d’humour, c’est parfait. » Le physique d’un beau gosse et l’humour de Gad Elmaleh ? C’est un peu toutes ce qu’on recherche. Mais à force de passer outre certains profils, qui de prime abord, ne paraissent pas drôles ou dont la photo ne les met pas en valeur, ne risque-t-on pas de rater une histoire sympa ? « C’est sûr, lâchent Zoé et Manon, mais il faut bien faire des choix parmi tous les profils… ».

Trop de choix tue le choix ? Nos grands-parents, en rencontrant leur flirt au bal du coin, n’avait sans doute pas les mêmes soucis. La société de consommation poussée jusqu’aux affres de l’amour : nous y sommes finalement arrivés avec une facilité déconcertante. Aujourd’hui, sur Tinder, le choix est immense, surtout lorsqu’on vit dans une grande ville. « Si cela ne fonctionne pas avec l’un, cela fonctionnera peut-être avec un autre », argue l’une des deux filles.

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« On dirait parfois un vrai concours »

Et côté garçon ? Thomas utilise Tinder depuis quelques mois. Le côté léger de l’application ne l’amuse plus franchement : «  Le gros problème, c’est qu’il ne faut surtout pas être banal dans les échanges ou sur le descriptif, ça ne pardonne pas. On dirait parfois un vrai concours, avec des juges, des notes… » Il continue : « C’est usant et tu le multiplies par le nombre de personnes avec qui tu échanges… Il en faut pas plus pour abandonner après quelques revers consécutifs. »

Thomas, qui a la petite trentaine, compare ces « phases Tinder » a de « véritables entretiens d’embauche ». Aujourd’hui, il aspire concrètement à des rencontres plus simples, plus spontanées également. Tinder casserait-elle magie et papillons dans le ventre à force de codifier les relations ?

Si les garçons peuvent s’épuiser à paraître toujours plus intéressants, les filles regonflent leur ego. C’est en tout cas ce qu’évoquent Zoé et Manon, assimilant Tinder à «  un booster de confiance en soi  », un sentiment non négligeable lorsque les déceptions amoureuses se sont accumulées auparavant.

Dans un rayon de 50 km autour de Compiègne, dans la catégorie 25-36 ans, Manon commence à retrouver les mêmes têtes au bout de deux mois, ce qu’elle estime logique. Évidemment dans le secteur des grandes villes, le choix est plus important. Zoé a ainsi rencontré trois célibataires compiégnois en deux mois, trois rendez-vous dont l’un aurait pu mener à quelque chose de sérieux. Si elle arrive à croire que sur Tinder on peut trouver une relation sérieuse (certains amis autour d’elle peuvent en attester), Manon n’y croit pas, ou en tout cas, pas pour le moment. L’amour 2.0 reste l’amour : avec ses délicatesses, ses difficultés à s’accorder entre humains aux passés, envies et motivations différents. Mais finalement, dans un monde où la place du smartphone ne fait que croître, comment ne pas laisser une chance à cette drague virtuelle ?

Δ Vous voulez tester ? Rendez-vous sur la page Facebook de Tinder et dans votre Apple Store ou Play store, directement via votre smartphone.

 

 

4 réflexions sur “Quand ma génération est accro à Tinder

  1. Kyle dit :

    Très bon article, et bonne analyse, qui révèle parfaitement les avantages et inconvénients (psychologiques ?) de ce type d’app : « les choses qui vont trop vite » et de ce fait, ne pas se donner le temps de découvrir une personne, ou encore le fait de se sentir en permanence « dans un concours » avec ce sentiment « d’entretien d’embauche » et de donner le meilleur de soi encore et encore, sans risquer un seul faux pas sous peine d’être zappé, ce qui peut, oui, devenir usant (dur dur pour ceux qui s’attachent un peu trop vite) Heureusement qu’il reste tout de même cette opportunité de se faire de nouvelles « relations amicales » (pour celles et ceux qui le comprennent bien entendu et qui savent faire la part des choses)

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